Société Française d'Exobiologie

Trajectoire : Benjamin Bultel

Dans la rubrique “Trajectoires en Exobiologie”, des étudiants en thèses, sur des thèmes liés à l’exobiologie, racontent leur parcours. Benjamin Bultel, doctorant au Laboratoire de Géologie de Lyon, répond cette semaine aux questions de la SFE.

 

Benjamin Bultel, doctorant au Laboratoire de Géologie de Lyon.

Quelle est votre formation?

Après un Bac scientifique avec option SVT, j’ai suivi la formation de l’Université de Nantes en Licence SVTUE (Sciences de la Vie, de la Terre, de l’Univers et de l’Environnement). La dernière année de licence était clairement axée Géologie-Géophysique. J’ai continué dans un master recherche Géologie-Géophysique avec des options de planétologie (géologie appliquée aux objets du système solaire). Cette première année de master se terminait par un stage de deux mois dans un laboratoire, que j’ai effectué au LPGN (Laboratoire de Planétologie et Géodynamique de Nantes) où j’ai étudié la morphologie d’une région de Mars. Je suis resté à Nantes pour la deuxième année de master en Planétologie-Géodynamique, cette fois le stage de fin d’année était de 6 mois et je l’ai effectué dans le Laboratoire de Géologie de Lyon où je suis encore aujourd’hui.

Benjamin Bultel, doctorant au Laboratoire de Géologie de Lyon : Terre, Planètes, Environnement

Benjamin Bultel, doctorant au Laboratoire de Géologie de Lyon : Terre, Planètes, Environnement

Pourquoi avez-vous choisi ce type d’études ?

Je ne suis peut-être pas un bon exemple, j’ai toujours été passionné par les sciences et l’étude du système solaire. La filière scientifique était un choix parfaitement logique pour moi. Le problème c’était pour la suite. En sortant de terminale je n’aurais pas su dire si je préférais la SVT, la physique, la chimie ou les maths. Je savais qu’avec une Licence SVTUE je pouvais faire un peu de tout et en plus il y avait des cours de planétologie qui étaient au programme… Finalement, c’est l’étude des surfaces planétaires qui me plaisait le plus. C’est un domaine très vaste qui permet d’étudier la forme des paysages, la chimie des roches et ses propriétés physiques et où l’on cherche très souvent à savoir si l’environnement est favorable à la vie.

Quel est votre sujet de thèse ? Où la faites vous ?

Ma thèse est la continuité du stage que j’ai effectué au Laboratoire de Géologie de Lyon. Je travaille au sein de l’équipe eMars (evolution of Mars) sous la direction de Cathy Quantin (une planétologiste) et de Muriel Andreani (une minéralogiste). J’étudie la serpentinisation et la carbonatation de Mars. Pour ça je travaille sur des données des satellites qui sont encore aujourd’hui autour de Mars (Mars Express et Mars Reconnaissance Orbiter), il est aussi prévu d’étudier des échantillons terrestres. La serpentine et les carbonates sont des minéraux qui se forment généralement à haute température et en présence d’eau. C’est typiquement le type d’assemblage minéralogique que l’on retrouve à proximité des fumeurs noirs ou d’autres environnement hydrothermaux sur Terre.

Quel est le lien de votre sujet avec l’exobiologie ?

Les environnements martiens que je caractérise sont similaires à des environnements terrestres d’où l’on pense que la vie a pu émerger. On peut dire que cartographier les environnements hydrothermaux c’est cartographier les zones où la vie martienne a potentiellement pu apparaître.

Composition colorée CRISM en superposition sur une image CTX (contexte géologique). La serpentine apparaît en jaune-vert, lachlorite en violet-bleu et la smectite en rouge. B] spectres brut des pixel 1 and 2 localisés en A. C] spectres 1 et 2 «débruités» des  pixels 1 and 2 comparés aux spectres de librairie.

Composition colorée CRISM en superposition sur une image CTX (contexte géologique). La serpentine apparaît en jaune-vert, lachlorite en violet-bleu et la smectite en rouge. B] spectres brut des pixel 1 and 2 localisés en A. C] spectres 1 et 2 «débruités» des pixels 1 and 2 comparés aux spectres de librairie.

Pourquoi avez-vous souhaité faire une thèse ?

La thèse était, pour moi, une continuité logique. Je suis toujours très curieux de comprendre comment fonctionne Mars, pourquoi est-elle à la fois si semblable mais en même temps si différente de notre bonne vieille Terre. Faire une thèse et faire de la recherche en générale, c’est apprendre de nouvelles choses presque tous les jours. Ressentir l’excitation des nouveaux résultats qui arrivent et qui vont, peut-être, permettre de répondre à des questions tout en posant des nouvelles, c’est une chose assez particulière à vivre et l’on n’a pas envie que cela s’arrête. Et puis grâce aux données des satellites autour de Mars je peux me balader sur une autre planète tous les jours. Voir ces beaux paysages (même de loin) ça n’a pas de prix. La vraie question aurait été pourquoi s’arrêter?

Mon meilleur souvenir et mon pire souvenir au laboratoire

Je n’ai pas de meilleur souvenir en particulier. Avoir des discussions avec des gens ayant un énorme savoir sur la planétologie et qui on connu les missions spatiale de l’intérieur c’est presque magique. Je crois que l’on peut ramener mes meilleurs souvenirs à toutes les rencontres enrichissantes que j’ai pu faire. Le pire souvenir serait peut-être tous ces moments où l’informatique m’a lâchée, après une grosse journée, voir un programme se fermer après un erreur peut vraiment rendre fou mais heureusement avec l’expérience cela arrive de moins en moins souvent.

Et après ?

Continuer l’exploration! Malgré tout ce que l’on a aujourd’hui comme données sur Mars, une grande partie de son historie reste un mystère. Pour ça il s’agira de continuer la recherche et donc trouver un contrat post-doctoral (une sorte de CDD d’après thèse) certainement à l’étranger. L’étape suivante étant, je l’espère, un poste fixe d’enseignant-chercheur en planétologie.

Benjamin

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